Un an de tourmente et quels résultats ?


Les amis,

J'ai sous les yeux une nouvelle note de l'ONEM qui concerne les mécanismes de maintien des droits des artistes et des techniciens en première période d'indemnisation (l'article 116§5 que l'on a coutume d'appeler en Belgique le "statut" d'artiste). La note est très technique et nécessite un décryptage afin d'en partager l'exacte teneur avec vous.
Mais je ne peux que déplorer combien la réalité dans laquelle évoluent les artistes, les créateurs et les techniciens est peu considérée. 
Alors je m'interroge et il me semble que le temps est venu de se retrouver autour de revendications communes et de faire entendre de la voix.
Car le délitement des mécanismes de protection sociale qui prennent en compte l'intermittence de la rémunération risque de mettre en péril la richesse et la diversité de la création dans notre pays. 
Et derrière cette diversité, il y a des hommes et des femmes dévoués à leur pratique professionnelle qui quotidiennement doivent composer afin de vivre de la production de gestes et d'objets artistiques.
Si l'ONEM et le Ministère de l'Emploi souhaitent radier les artistes et les techniciens de la protection sociale offerte par l'assurance chômage, qu'ils le fassent savoir clairement. Et comme ils sont compétents, ils ne peuvent ignorer qu'aucun dispositif alternatif viable pour nombre de professionnels n'existe actuellement en Belgique.

Alors le temps des revendications partagées est venu. A défaut, le glissement vers plus de précarité, plus de difficultés à trouver les moyens substantiels nécessaires pour développer son travail, sa pratique professionnelle sera inéluctable.

POUR une réintégration rétroactive depuis septembre 2011 des artistes interprètes,  créateurs et techniciens au « statut » d’artiste (116§5) au moins le temps que des solutions alternatives soient mises en place. Car si l’on souhaite que les artistes travaillent sous le régime des indépendant, il faut leur en laisser la possibilité. Sans mécanisme qui permette de percevoir un revenu de remplacement les jours où l’on est pas salarié, sans aménagement des charges liées au statut d’indépendant, il est impossible pour un grand nombre d’artistes de souscrire à ce modèle. Une alternative viable pour les créateurs est possible, elle existe dans d’autres pays.
POUR une réintégration des techniciens qui travaillent de manière intermittente à la règle du cachet pour ouvrir leurs droits à l’assurance-chômage. Les jeunes techniciens qui sortent de formation ne parviennent même plus à ouvrir leurs droits au régime général du chômage.
POUR l'introduction d'une variable dans le calcul des allocations de chômage des artistes, créateurs et techniciens qui fasse que l'indemnité journalière ne soit plus figée, mais qu'il soit possible de la faire progresser en fonction de son activité.
POUR une modification de la règle de prolongation des droits en première période. 5 cachets annuels en lieu et place d'un seul cachet car les artistes sont conscients du fait que ce dispositif concerne des professionnels.
POUR qu'il soit possible aux artistes de transmettre leur savoir-faire sans risquer de perdre leur statut
POUR une meilleure répartition des dépenses en matière de culture. Que la répartition de l’argent public favorise plus les projets que les structures. Il faut aussi développer les dynamiques inter-régionales et revoir les politiques des centres culturels afin qu’ils accueillent plus de projets. 

Il faut que le travail des artistes soit reconnu dans ses spécificités :
-intermittence des périodes salariées
-polyvalence des pratiques professionnelles 
-faiblesse du financement du développement & de la recherche
-faible évolution des revenus pour beaucoup, au cours de la carrière artistique
-beaucoup de travail et des retraites dérisoires

Il appartient à la puissance publique de soutenir le travail des artistes. Et à privilégier la production plutôt que les outils structurels. Car que serait notre monde sans art et sans culture ? Et que sont un théâtre, un musée ou un centre culturel sans artistes ? Pourquoi est-ce toujours à nous de sacrifier la rémunération, de travailler dans des conditions précaires ?

Ces revendication sont une base de réflexion et de travail. Mobartec est né suite à différentes actions menées depuis que l'ONEM a posé un regard coercitif sur les dossiers des artistes. Actions aux Magritte, réunions rassemblant des groupes d'artistes. Nous allons prochainement proposer une adhésion gratuite au projet. Il ne s'agit, pour le moment, pas de créer une fédération. C'est plutôt d'une association momentanée dont il s'agit. Une coordination destinée à endiguer le délitement des dispositions qui permettent aux artistes de travailler dans des conditions décentes de production et d'exécution, à pousser les pouvoirs publics à repenser les modèles qui organisent nos professions. 

Cette coordination, on peut s'y investir et on peut y adhérer car seule une adhésion importante pourra donner à cette coordination la représentativité nécessaire à l'action citoyenne qui préside à ce projet.

G.V.